Critique Video Game : Stranglehold, An Hard Boiled Game !!!
Stranglehold ! C’est avec ce jeu que jeu que j’ai décidé d’inaugurer cette section Video Game.
Alors ce n’est peut-être pas le jeu du siècle je vous l’accorde, il ne révolutionnera peut-être rien dans le monde du jeu-vidéo…mais quand même, ce n’est pas tous les jours qu’on a l’occasion d’incarner Chow Yun-Fat à l’écran, et qui plus est dans un univers totalement façonné à la gloire des polars HK d’heroic-bloodshed réalisés par John Woo.
Mais avant de nous intéresser directement au jeu, revenons tout d’abord, sur les principaux faits d’arme de ce grand réalisateur qu’est John Woo, chose essentielle pour aborder Stranglehold sous les meilleurs auspices. Disciple du génial réalisateur Chang Cheh œuvrant pour la mythique Shaw Brothers, cinéaste au début de carrière on ne peut plus prometteur à la fin des années 70, John Woo n’attire cependant plus les foules, au milieu de années 80 et peine à se relancer. Parallèlement à cela, Tsui Hark réalisateur emblématique de la nouvelle vague hongkongaise, fonde en 1984 la Film Workshop, une maison de production qui va lui permettre de financer un très grand nombre de films à succès durant les années 80/90, tout en relançant différents genres cinématographiques tombés en désuétude. Pour accomplir cela, il va s’entourer de plusieurs réalisateurs talentueux, plus ou moins en perte de vitesse à l’époque, dont un certain John Woo. Son crédo à lui sera de relancer le polar, dont il deviendra par la suite, le principal représentant d’un sous-courant du genre appelé l’heroic bloodshed. Pour cette 1ère collaboration, Tsui Hark produit et écrit le scénario (qui devait au départ contenir un casting exclusivement féminin), tandis que John Woo se charge de le réaliser. Nous sommes en 1986, le film intitulé A Better Tomorrow (connu chez nous, sous le nom du Syndicat du crime) sort finalement dans les salles hongkongaises et pulvérise le box-office. Le casting, composé en fin de compte, d’une distribution essentiellement masculine, permet à Chow Yun-Fat (jusqu’alors surnommé « le poison du box-office »), entouré du jeune Leslie Cheung et du vétéran de la SB Ti Lung, de lancer ou relancer leur carrière vers les plus hautes sphères. Une suite est immédiatement mise en chantier, mais ce 2nd tournage, cette fois co-réalisé par John Woo & Tsui Hark, s’avèrera beaucoup plus chaotique. Il n’empêche qu’à la sortie du film l’année suivante, A Better Tomorrow II est une nouvelle fois un franc succès. Néanmoins, les relations entre les deux auteurs ne cessent de se dégrader, si bien qu’en 1989 sur le tournage de The Killer, rien ne va plus entre eux deux. John Woo quitte finalement la Film Workshop l’année suivante pour tourner le formidable Bullet in The Head, laissant Tsui Hark se réapproprier définitivement sa saga, en tournant l’excellent, mais pourtant mésestimé, A Better Tomorrow III. Deux années passent, et nous voilà enfin arrivés en 1992, année de sortie du fameux Hard Boiled aka A Toute Épreuve (dont Stranglehold se veut être la suite), film qui demeure à mon sens, au côté du Time & Tide de Tsui Hark sorti en 2000, The Best Action Movie ever made (Imaginez un instant un polar d’action non-stop, dans lequel on peut suivre notre désormais mythique Frère Chow, dans le rôle de l’inspecteur Tequila, faire face aux terribles agissements du charismatique Tony Leung, ainsi que de l’extraordinaire Anthony Wong…le rêve !). La suite pour John Woo, marque le début de sa longue et inégale parenthèse américaine, où il enchaînera divers projets, dont on retiendra le plutôt sympathique Hard Target avec JCVD, le délirant vroom vroom Mission : Impossible II, et bien évidemment le flamboyant Face/Off aka Volte/Face. Ainsi, il nous faudra attendre jusqu’en 2008, pour voir John Woo faire son grand retour en territoire chinois, avec le prodigieux diptyque Red Cliff (chef d’œuvre tiré du classique historique de la littérature chinoise Les Trois Royaumes).
Voilà donc pour cet aparté historique sur la carrière du cinéaste…entrons donc maintenant directement dans le vif du sujet, le fameux Stranglehold !
Bon, tout d’abord, vous allez rapidement vous apercevoir que ce qui prédomine personnellement quand je joue à un jeu, c’est davantage l’expérience artistique qui s’en dégage (car oui, le jeu vidéo est un art moderne, pour ceux qui ne l’auraient pas encore compris), que ses phases de pur gaming. Limite je dirais pour ma part, plus le gameplay est simple et naturel et plus le jeu gagne en immersion. Ainsi on n’a pas forcément besoin de réfléchir à tout un tas de combinaisons de boutons à enchaîner sur sa manette, et cela nous permet de nous concentrer à la place, sur les détails de sa direction artistique ou de son histoire (enfin, si toutefois vous arrivez à faire les deux, vous êtes forts 😎 ).
Donc là, ce qui m’intéressait principalement en jouant à ce jeu, c’est de retrouver les sensations cinématographiques des films de John Woo (d’où l’intérêt de faire un petit point sur sa filmo) tout en incarnant Chow Yun-Fat héros emblématique indissociable des grands polars du réalisateur. Eh bien, autant dire qu’avec Stranglehold, j’en ai eu pour mon argent. Déjà, le jeu n’est pas l’adaptation d’un film existant, comme c’est très souvent le cas (en général pour surfer sur la vague d’une sortie cinéma). Ici, le jeu se veut simplement être la suite « indépendante », d’un film sorti 15 ans plus tôt (le jeu date de 2007)…il n’y a donc pas de réel « évènement » autour, si ce n’est sa date d’anniversaire. Il se détache même assez nettement de la mini-mouvance de 2006, où 2 des grands classiques cinéma du genre gangster/polar (Le Parrain & Scarface) furent transposés en jeu. D’ailleurs, très vite quand on lance le jeu, on se rend bien compte, que l’on n’est pas uniquement cloisonné dans l’univers de Hard Boiled. En fait, le jeu rend hommage à l’ensemble de la filmographie de Woo (Principalement sa période polar 86-92, avec également quelques clins d’œils bien sympa à Bullet in the Head et Face/Off). Ainsi, même si l’on incarne bel et bien l’inspecteur Tequila à l’écran (avec un visage de Chow Yun-Fat très fidèlement modélisé), ses personnages de The Killer ou A Better Tomorrow ne sont jamais bien loin.
En ce qui concerne à l’histoire maintenant, même si elle ne casse pas des briques (contrairement à ses décors), elle reste fort plaisante à suivre et joue finalement très bien son rôle de scénario prétexte à des fusillades tout bonnement dantesques. Là pour le coup, le jeu s’avère totalement jouissif dans l’enchaînement de ses phases de shoot, puisque tous les effets de chorégraphie et de mise de scène des films de John Woo y ont été incorporés. Glissade sur rampe, table, chariot, tirs en plongeant sur le côté, bullet time, ralentis, shoot à 360° avec les colombes qui s’envolent (si si ), tout est là. Ajoutez à cela des décorums finement détaillés, entièrement destructibles et le plaisir de jeu n’en est que plus décuplé. En définitive, seul les musiques peineront quelque peu à stimuler nos tympans, comparés aux magnifiques morceaux composés par Michael Gibbs sur Hard Boiled.
Pour conclure, malgré une durée de vie relativement courte, les concepteurs du jeu auront réussi avec Stranglehold, à nous proposer un fort réjouissant hommage vidéo-ludique des grandes années du cinéma d’action signé John Woo, et c’était bien là que résidait à mon sens, le principal attrait et intérêt du titre… Mission complete. Ainsi, Stranglehold gardera son statut de jeu simple mais efficace, qui permettra à coup sûr aux joueurs/cinéphiles adeptes de pelloches asiatiques, de se replonger avec un certain plaisir, dans le souvenir de quelques-unes des plus belles heures que connut le polar hongkongais.
Merci de m’avoir lu,
En espérant vous avoir donné envie de jouer (ou rejouer), à cet excellent plaisir vidéo-ludique Wooien.
Sayonara, Bye bye !!