Critique Film : A Chinese Odyssey – Pandora’s Box/Cinderella 西遊記 – 第壹佰零壹回之月光寶盒 / 大結局之仙履奇緣 (Le Roi Singe), Ooonly Youuuuu !!!
Pour tout vous avouez, j’avais prévu de publier cette chronique pour le nouvel an lunaire du 8 février dernier, qui plus est parce que nous allions entrer dans l’année du singe (et comme vous le savez entre dragon et singe, on est plutôt pote). Mais, une chose une autre, vous savez ce que c’est, le nouvel an est passé et ma chronique n’était pas prête. Donc là je me dis, comme le diptyque A Chinese Odyssey aka Le Roi Singe, représente à mes yeux la plus belle romance ever de l’histoire du cinéma, à quelques coudées de celles de A Chinese Ghost Story, Green Snake, The Lovers ou Chungking Express (cf mon ancienne chronique), je me suis donc dit, pourquoi pas la sortir pour la Saint-Valentin, ce sera un peu comme my chinese chocolate box, that ageru yo !! Mais, (et oui il y en a encore un), là encore elle n’était pas prête à temps…(oui j’avais vraiment à faire dsl), sooo, what can I do ? Me voilà avec une délicieuse boîte de chocolat sur les bras, mais problème, j’ai raté l’heure du rencard. Que Faire ?? J’attends que les cloches de Pacques viennent sonner, ou je la poste comme ça sans date particulière…après tout, avec un chef-d’œuvre comme celui-là, n’importe quelle date de l’année est bonne pour le savourer. Enfin bref, si toutefois vous êtes toujours en train de me lire, so far so good, c’est que l’article est enfin sorti.
Donc, fin du laïus, ah, juste vite fait au passage tant qu’on y est, le 8 février dernier sortait justement en salle (en Chine hein, vous m’avez compris) le dernier film de Stephen Chow, The Mermaid qui pulvérise actuellement le box-off asiatique, et que bien entendu il me tarde impatiemment de pouvoir vous chroniquer en ces lieux.
Ainsi, quoi de mieux pour fêter cette nouvelle année, que de se re-re-re-regarder (indéfiniment en boucle) l’un des chefs d’œuvre du Neo Wu Xia Pian hongkongais des 90’s, le diptyque A Chinese Odyssey, contant les aventures parodiques de Sun-Wukong le célèbre Roi Singe !!!
Sorti début 95, dans toutes les bonnes salles hongkongaises de l’époque, cette relecture cinématographique du célèbre conte mythologique chinois, est une véritable fresque enchanteresse entre arts martiaux, fantastique, romantisme et comédie !!
Là (petite confidence), on tape vraiment dans mon top ten perso du cinéma ever ! C’est totalement ultime comme truc. Alors ouais, c’est vrai qu’en occident y a pas mal de gens qui peuvent être assez hermétiques à ce genre d’œuvres venues d’un(e) autre continent (galaxie), mais bon, comme dirait une certaine personne plus avisée que moi, the Dude en l’occurrence ici : « Yeah, well, you know, that’s just, like, your opinion, man. » Donc si au fond de vous, vous êtes asiatique de cœur (like me), et que comme des millions et des millions d’asiatiques, vous vous reconnaissez dans cette forme d’art et passez de super méga moments à regarder ce type d’œuvres, honnêtement le reste, I don’t care ! I DON’T CARE !!! (dsl, pour l’abus d’anglais, c’est vraiment plus fort que moi.)
Mais revenons à nos moutons, et essayons maintenant un peu de savoir pourquoi ce double film du Roi Singe est si ultime que ça ?! Eh bien tout simplement déjà par l’ambition démesurée qu’il affiche. Comme je vous le disais le film est découpé en 2 parties. C’est pas, on en fait un 1er, on voit si ça marche et on en sort un 2nd…non là, tout a été tourné en même temps, puis séparé en 2 segments, pour sortir ensuite en salles à 2 semaines d’intervalle. Cette manœuvre qui se faisaient de temps à autre à Hong Kong, avait souvent pour but d’amortir des coûts de productions élevés sur des films la plupart du temps trop longs pour être rentabilisés par une seul run de sortie en salles. Par ailleurs les films hongkongais des 80’s/90’s ne dépassaient guère souvent les 1h30, ce qui permettait bien souvent à l’histoire d’aller droit au but, avec un style de narration ultra nerveux (pour ne pas dire survolté). De plus, adapter un conte mythologique aussi emblématique en fresque romantico-comique cartoonesque, à coups de voyages dans le temps, jeux de mots non-sensiques et délires improbables en tout genre digne des comédies américaines ZAZ , le tout en faisant preuve d’un souffle poétique totalement hallucinant, n’était pas un pari facile à surmonter !
Il fallait bien tout le talent d’un génie du rire tel que Stephen Chow, pour arriver à insuffler le juste (petit) soupçon d’équilibre et de cohérence qu’il faut, à un univers aussi fou ! Car même si à l’époque, il n’était pas encore passé derrière la caméra, on constate bel et bien à l’écran (et avec le recul des années) que c’est véritablement lui le chef de file du projet ! En effet, à l’instar d’autres meneurs de Hong Kong comme Jackie Chan ou Tsui Hark, même s’il ne sont pas crédités en tant que réalisateur sur un film auquel ils sont associés, leur attribuer en grande partie la paternité de l’œuvre finale ne fait en général aucun doute.
Ainsi, en faisant appel à son comparse Jeff Lau (rencontré sur Thunder Cops 2), qui avait définitivement assis le statut de Chow méga-star en 1990, grâce à leur parodie de film de gambling All for the Winner, remise au goût du jour un an plus tôt par Wong Jing avec Mr Chow Chocolate Yun-Fat (les 2 hommes cartonnent d’ailleurs actuellement en Asie, depuis déjà 3 volets, dans une nouvelle saga de gambling, From Vegas to Macau) et également épaulé aux chorégraphies martiales par le génial Ching Siu-Tung, maître d’œuvre de Tsui Hark à la Film Workshop, notamment sur les stratosphériques trilogies A Chinese Ghost story et Swordsman, Stephen Chow n’a plus eu ensuite qu’à laisser parler son intarissable créativité en associant, gags visuels, effets spéciaux et mo lei tau.
Secondé au casting par son fidèle acolyte de l’époque Ng Man-Tat, l’antihéros (chef de brigands) incarné par Chow ne sait très vite plus où donner de la tête lorsque débarquent tour à tour les charmantes Yammie Lam & Karen Mok, aussi séduisantes que dangereuses. De la comédie survolté de la première partie, l’histoire va progressivement basculer vers la fable romantique, jusqu’à prendre une dimension quasi tragique assez inattendue, dans sa seconde moitié. L’entrée en scène de la fabuleuse (et cinématographiquement trop rare) Athena Chu, représente à ce titre le bouleversement majeur du récit. C’est précisément à partir de sa rencontre entre elle et notre héros que ce dernier va progressivement commencer à accepter sa destinée et prendre au sérieux ses responsabilités. L’interprétation de Only You par Law Kar Ying sera également un grand moment de bouleversement assez unique pour notre cher Chow.
Puisqu’on parle musique, soulignons la qualité phénoménale le BO de l’œuvre, composée par Zhao Jiping et Lowell Lo, et en particulier celle de ses deux chansons qui concluent chacune des 2 parties dont je suis totalement fan et dont il m’est impossible de me lasser (je les écoute encore très régulièrement dans ma playlist), même avec les années. (Comme déjà évoqué dans ma chronique de Journey To The West, Shu Qi y fait notamment une superbe réinterprétation de la seconde chanson, tout en dansant au clair de Lune pour notre plus grand plaisir).
Bref, en un mot comme en mille, Chinese Odyssey est un pur Chef d’œuvre intemporel, ma chronique en dit volontairement peu sur l’histoire, comme toujours je vous invite à vous laisser embarquer dans ce drôle d’univers, sans trop en savoir et découvrir tout ça pendant sa vision.
Ainsi me direz-vous : « Mais bon sang, où pourrait-on mettre la main sur un tel chef d’œuvre ?!! » Eh bien de mémoire, HK video l’avait sorti en DVD il y a une bonne douzaine d’années (autrement dit ça date, donc ce n’est plus trouvable, à part en occas’…) Sinon, évidemment c’est sorti depuis en Blu-Ray à Hong-Kong et en Chine, et fin février dernier (donc tout récemment) dans une superbe édition Blu-Ray limitée en Corée, avec présence de sous-titres anglais.
(A noter que Jeff Lau sortira un troisième volet de Chinese Odyssey)
Sayonara, Bye bye !!