Critique Film : Jigoku de Naze Warui 地獄でなぜ悪い ( Why Don’t You Play in Hell ? ), Pour l’amour du cinéma !!!
Bon, autant vous le dire tout de suite, le film se résume en trois points : de l’amour, de l’amour…et encore de l’amoooouur !!! (…et non, non…je ne parle pas de Love Exposure ou Himizu).
Vous voilà donc prévenus…Jigoku de Naze Warui aka Why Don’t You Play in Hell c’est tout simplement la jouissance filmique à l’état pur !!!
Le film entrant clairement dans cette catégorie de rares chefs d’œuvre, dont la découverte est une expérience unique à ne pas rater !!
La découverte du film l’année dernière, m’a personnellement fait l’effet d’un énorme revers de nunchak’, dont je n’arrivais plus à décoincer le smile qui animait mon visage.
J’avoue quand même que je l’attendais un peu comme le messie celui-là…mais c’est souvent le cas, avec les films de ce cher Monsieur…
Les quelques retours dithyrambiques des privilégiés ayant pu le découvrir lors de sa présentation en festivals fin 2013, laissaient déjà augurer du meilleur (et encore le mot était faible).
Écrit il y a plus de 15 ans (au moment de la sortie du film), d’après les propos de son réalisateur, le film porte clairement toute la folie et les excès qu’on pouvait trouver dans un certain cinéma over the top de l’époque, où il suffisait juste de se laisser emporter dans un tourbillon de folie, pour en apprécier toutes les qualités.
Bien que l’histoire comporte plusieurs niveaux de lecture (qui toucheront à coup sûr un peu plus le cœur des cinéphiles à chaque nouvelle vision), le film peut tout aussi bien se consommer comme un pur divertissement et simple plaisir immédiat. Montagnes-russes d’émotions, magistralement mise en scène et superbement écrite, l’œuvre n’est que passion, doublée de la plus belle déclaration d’amour qu’on puisse faire au cinéma, dans un film parlant de cinéma.
A ce titre, les clins d’œil à tout un pan de la planète cinéma sont légions du début à la fin…
D’un générique évoquant la géniale saga Yakuza Jingi Naki Tatakai de Kinji Fukasaku, maître du Jitsuroku Eiga dans les 70’s, à l’hommage plus qu’appuyé à Bruce Lee, en passant par un T-shirt évoquant le Festival de Cannes, ou la simple citation du nom des 2 légendes incontestées du Ninkyo & Jitsuroku Eiga, Ken Takakura et Bunta Sugawara…
(Triste ironie du sort, les deux acteurs nous ont malheureusement quittés en novembre dernier…qu’ils reposent en paix.)
Pour en revenir au film… le pitch de base c’est…oh et puis osef du synops’, allez d’abord le voir et revenez me lire ensuite, moins vous en saurez et mieux ça sera…un film comme ça, ça se lance dans son lecteur les yeux fermés, pas besoin d’en savoir plus… Commandez le Blu-ray en import (pour le savourer de manière optimale, à condition d’être un minimum bilingue), ou bien louez la VHS dans votre vidéoclub (ah non mince, ça c’est plus possible), ou alors en dernier recours…allez le voir chez un pote cinéphile qui l’aurait déjà (et ayant assurément de très bons goûts 😎 ).
Dites-vous que l’histoire est dingue (de supers idées) de toute façon…même en vous racontant juste l’amorce comme ça, vous pourriez croire à un bordel monstre, mais en fait, avec un mec comme Sono à la barre, c’est (un gros bordel ok …mais) mortel de fluidité !!
Bon…vite fait, pour les récalcitrants du fond, y a 2 clans de Yak’ qui sont en bisbille et vont pas tarder à de se mettre sur la tronche…en plus de cela, le chef du clan Muto (Jun Kunimura), cherche à faire de sa fille Michiko (Fumi ‘love’ Nikaido) une star de ciné, tandis que le chef du clan Ikegami (Shin’ichi Tsutsumi) est follement amoureux d’elle… (et ça se comprend)
Parallèlement à cela, un jeune réalisateur de film indépendant (Hiroki Hasegawa) plutôt en galère, attend dur comme fer son heure de gloire, pour enfin réaliser son chef d’œuvre…
Tout ce petit monde va donc naturellement se rencontrer, et ce sera, que du bonheur…enfin, surtout pour nous !!
Ah, et puis donc y a Tak Sakaguchi dans le rôle de sa vie…Atchaa !!
Profitons-en justement, pour nous attarder un peu plus sur ce casting haut en couleur.
Avec tout d’abord Jun Kunimura, dont la carrière longue comme une ligne de Shinkansen, serait impossible à résumer en quelques lignes, qui s’impose ici comme l’évidence même en Oyabun patriarche du clan Yakuza Muto. Face à lui, je suis pour ma part extrêmement content de retrouver le génial Shin’ichi Tsutsumi, dans un rôle à la hauteur de son talent. Ses prestations mémorables dans les premiers films de Sabu, commençaient à me manquer un peu. Quant à Hiroki Hasegawa, qu’on est plus généralement habitué à voir dans des Dramas, est ici totalement habité par son rôle de réalisateur survolté, ne jurant que par la beauté du 7ème art. Pour finir, par galanterie j’aurais probablement dû commencer par elle, mais pour rester dans la même tonalité que le film, autant garder le meilleur, et en l’occurrence ici, LA Meilleure pour la fin… Bon nous y voilà, je vais essayer de me contenir dans ma ‘déclaration d’amour’, mais Fumi Nikaido c’est juste, pour ma part, la meilleure jeune actrice internationale en activité, depuis…(essayons de ne pas remonter trop loin quand même)…allez, disons depuis Gianna Jun en 2001 dans My Sassy Girl.
Non sérieusement, sans vouloir faire mon fanboy, notre jeune actrice crève littéralement l’écran à chacune de ses apparitions…c’est bien simple, dès qu’elle entre dans le champ, on ne voit plus qu’elle !! Bon, je pense qu’il faut quand même rendre à César ce qu’il lui appartient et préciser au passage que Sion Sono (en plus d’être un génie de la narration et de la mise en scène) est un extraordinaire directeur d’acteurs…et c’est loin d’être la première fois que des acteurs trouvent le meilleur rôle de leur carrière, devant sa caméra. Au hasard, Hikari Mitsushima & Takahiro Nishijima dans Ai no Mukidashi aka Love Exposure ou encore Shôta Sometani & (Déjà) Fumi Nikaido, totalement bouleversants dans cet extraordinaire bijou sensoriel, qu’est Himizu.
Bref, pour en revenir à l’interprétation de la belle (elle me rappelle d’ailleurs un peu Cherie Chung par moments), outre le fait qu’elle incarne son personnage (fort en caractère) à la perfection, je voulais m’attarder sur la perception iconique que le spectateur a du personnage… car finalement le fait que l’actrice, interprète le rôle de la fille Yakuza actrice, catapultée Star du film Yakuza ‘fictif’, et se retrouve ainsi filmée à la fois en tant qu’héroïne, du point de vue de la caméra du film ‘fictif’, mais également par celle du réalisateur du (vrai) film qu’on voit à l’écran (vous m’avez suivi… ou c’est pire que du Kamina de Gurren Lagann que je raconte 😕 ), crée une sorte de double iconisation du rôle assez géniale, qui pour moi, la propulse clairement au panthéon des héroïnes les plus badass de l’histoire du cinéma. (Bref, en gros tout ça pour dire que j’ai surkiffé le perso 😎 )
Je souhaitais également dire un mot sur le côté très typé Manga du métrage, tant pour sa galerie de personnages stylisés à l’extrême bigger than life, que pour le pétage de plomb général du dernier tiers du film, digne des meilleurs trips Mangas à la limite du surréalisme…On sait de plus, que Monsieur Sono a déjà confié le fait, qu’il aurait grandement souhaité devenir Mangaka, s’il n’était pas devenu cinéaste et cela s’est déjà ressenti à plusieurs reprises au cours de sa filmographie (hormis ses adaptations Live)… Mais contrairement à de nombreux confrères, qui se laisseraient vite noyer dans cette joyeuse hystérie collective…notre réalisateur lui, ne perd jamais de vue ses objectifs, l’ensemble des folles péripéties se déroulant sous nos yeux, donnant ici le sentiment d’être orchestrées de manière parfaitement cohérente et maîtrisée.
Tout le monde s’efforçant ainsi de donner le meilleur de sa personne (c’est le cas de le dire ) pour faire le meilleur des films, on assiste donc à la fois, à la création du (entre guillemets) ‘chef d’œuvre’ en train d’être tourné dans le film, ainsi qu’à la découverte du vrai chef d’œuvre, celui qui nous est proposé à l’écran. L’ensemble faisant preuve d’une telle générosité communicative, le film ne donne en fin de compte qu’une seule envie, c’est d’aimer le cinéma !!
Pour conclure, je dirais que Monsieur Sono nous livre ici un fabuleux cadeau (aussi énorme que recevoir un Mécha grandeur nature pour son anniv’ ) et prouve par la même occasion, qu’on peut faire à la fois du cinéma d’entertainment, tout en conservant sa légitimité et sa puissance artistique. Chef d’œuvre parmi ses chefs d’œuvre, assurément mon préféré de sa filmo (à ce jour), instantanément culte et accessoirement l’un de ses films les plus accessibles…pour quiconque voudrait faire connaissance avec l’univers si singulier, de cet artiste pas comme les autres. Du plaisir cinéphilique par bobines entières, tout simplement !!
Merci de m’avoir lu,
En espérant, vous avoir donné envie de découvrir ou redécouvrir, cette méga bobine de bobine ultime.
Sayonara, Bye bye !!
PS : et n’oubliez pas de vous brosser les dents ! 😉