Critique Film : Shin Godzilla (シン・ゴジラ), Kaiju Impact-Ô !!!
Le roi des monstres est (enfin) de retour, 12 ans après avoir tiré sa dernière révérence japonaise en 2004.
La créature née en 1954 sous la houlette du vénéré Ishirô Honda était loin d’avoir dit son dernier mot, et revient aujourd’hui en 2016 plus terrifiante que jamais sous l’appellation Shin Godzilla, grâce à l’imagination débordante du génie de l’animation japonaise Hideaki Anno, également secondé à la réal et à la supervision des effets-spéciaux par Shinji Higuchi.
Autant ôter le suspens tout de suite, j’ai A-do-ré !!! Car en plus du fait de revoir enfin un Godzilla Made in Japan sur nos écrans, le film est également un pur film dans le style des œuvres d’Hideaki Anno. Aussi, si vous n’êtes pas familier avec le type de narration et de mise en scène de l’auteur, attendez-vous à être assez déstabilisés (dans le bon sens du terme, je l’espère pour vous). Personnellement, je n’en attendais pas moins de lui, donc autant dire que j’étais aux anges (sans vouloir faire d’Eva-joke). Car en effet, pour ceux qui connaissent plutôt bien la carrière du grand fondateur du studio d’animation Gainax, dans ce Shin Godzilla, on se croirait presque par moment dans un véritable Evangelion live (Il ne manque que les Evas et les introspections de Shinji pour s’y croire). Shirô Sagisu, le grand compositeur musical comparse d’Anno depuis 1990 avec Fushigi no Umi no Nadia, va même jusqu’à reprendre certains thèmes du célèbre anime culte du milieu des années 90, c’est pour dire. Enfin, que les fans d’Akira Ifukube se rassurent néanmoins, les grands thèmes qui rythment la franchise depuis les 50’s sont bien présents également.
Je ne vous en dirai pas davantage sur le style si singulier qu’a Anno pour emballer ses animés ou métrages, autant que vous découvriez tout ça par vous même, mais que les éventuels récalcitrants se relaxent, car la mise en scène est blindée de prises de vue qui déchirent. C’est rythmé, original et inventif du début à la fin, même durant la plupart des nombreuses scènes de dialogues (car oui, il y en a beaucoup faut bien le dire, mais perso j’ai pas trouvé ça chiant une seule seconde).
Passons maintenant, au point le plus important de tout Gojira, la créature en elle-même. Je l’évoquais brièvement en début d’article, ce Godzilla est certainement celui au design le plus terrifiant jamais réalisé. On croirait presque qu’il sort tout droit de l’imagination d’H.R Giger. Il y a clairement un côté s’apparentant à l’univers d’Alien dans ce design et pas que… Attention je spoile… Lorsque Godzi étire sa gueule latéralement pour balancer son méga rayon (de toute beauté) on pense immédiatement aux mandibules du Predator ou aux Reapers de Blade II. De plus ce Gojira se métamorphose au fur et à mesure du métrage…Créature d’abord aquatique, puis terrestre, il est même évoqué qu’elle puisse par la suite se pourvoir d’ailes (là encore une référence typiquement Evangelionesque). Fin du spoil.
Néanmoins, aussi effrayante soit-elle dans sa forme, c’est probablement la plus travaillée et la plus accomplie version d’un Godzilla qui m’ait été donné de voir à ce jour.
Autre Point important à évoquer, et qui en fait sur le fond, le Godzilla le plus proche de ce que pouvait représenter le Gojira de 1954…c’est la symbolique qu’il existe entre le désastre que provoque ce Gojira et celui qui se produisit en 2011 au Japon et en particulier à Fukushima. Je vais encore spoiler certains passages attention : il suffit de regarder l’une des premières scènes où, alors que le monstre n’est pas encore totalement apparu, un raz de marée (dont il est la cause) se déverse dans la ville, pour immédiatement se remémorer les images de la catastrophe provoquée par le Tsunami. Puis plus tard, la découverte de la proportion hautement radioactive du corps de Godzilla, contaminant tout sur son passage, fait également écho à la fuite du fameux réacteur nucléaire (c’est d’ailleurs ce à quoi pensent les personnages en 1er lieu). Enfin, juste avant de mener l’assaut final, le débriefing annonçant aux hommes que malgré leur combinaison, il y a de fortes chances qu’ils soient exposés à de hautes doses de radiations, renvoie irrévocablement au sacrifice des nombreux volontaires qui bravèrent l’enfer pour aller éteindre le réacteur de la centrale de Fukushima. Fin du spoil.
Dernier point à évoquer, le casting. Nous sommes dans un Kaiju-Eiga, donc généralement (hormis le tout 1er métrage) les personnages restent assez secondaires comparé au monstre. Cependant, Hiroki Hasegawa fait le taf avec justesse et la belle Satomi Hishihara s’en sort très bien dans son rôle de nippo-américaine, un rôle typiquement Annoien. La présence dans de petits rôles de vétérans du cinéma japonais, comme Ren Osugi, Jun Kunimura, Kimiko Yo ou encore le cultissime réalisateur Shin’ya Tsukamoto, apportent également un sympathique bonus de visages connus au métrage.
Que dire de plus, si ce n’est que ça fait rudement plaisir de voir à nouveau un Godzi back in business !
Le Roi des monstres entame son ère Toho, avec un opus des plus singuliers et mémorables. Je le place clairement pour ma part, dans mon top 3 des meilleurs films Godzilla avec l’original de 54 et celui de 2001 signé Shūsuke Kaneko. (Qui nous manque au passage et qu’on embrasse).
Quant au dernier plan du métrage… Anno Styluu , je préfère ne rien en dire, vous verrez bien…
Merci de m’avoir lu,
En espérant vous avoir donné envie de découvrir ce Shin Kaiju-Eiga, comme on en attendait depuis des lustres !
Sayonara, Bye bye !!