Critique Film : True Romance, « You’re So Cool » !!!
Aaah True Romance, ce film représente certainement à mes yeux le meilleur travail d’écriture effectué par Quentin Tarantino pour le cinéma, (ou tout du moins mon préféré ). D’ailleurs aussi étonnant que cela puisse paraître (compte tenu de la qualité exceptionnelle du script), ce ne sera pas lui qui sera amené à le réaliser. En effet, au début des années 90, le cinéaste est davantage un scénariste à la carrière prometteuse qu’un réalisateur. Ainsi il décide de vendre son script en 1990, pour finalement se consacrer à Reservoir Dogs, (son futur premier coup de maître, audacieux remake officieux de l’excellent City on Fire de Ringo Lam, croisé avec les looks des personnages des A Better Tomorrow de John Woo). Entre-temps, Tarantino fait la rencontre du réalisateur Tony Scott sur le tournage de The Last Boy Scout en 91. QT étant un ardent défenseur des films mésestimés de Scott, tels que les excellents Revenge ou Days of Thunder (précédemment chroniqué) et adorateurs tous deux du cinéma de Hong Kong de l’époque, le courant va très bien passer entre eux, au point que Scott souhaite même réaliser Reservoir Dogs. Tarantino se réservant déjà ce privilège, il propose néanmoins à Tony Scott de jeter un œil au script de True Romance. Tout aussi emballé par l’histoire, Scott fera alors des pieds et des mains auprès des producteurs pour pouvoir réaliser le film. La suite on la connaît…et voilà le projet lancé.
Pour ce qui est du thème de l’histoire, vous l’aurez compris, tout est dans le titre. Une rencontre improbable entre deux êtres qui n’avaient presque aucune chance de se rencontrer et pourtant…on comprend dès les premières secondes, qu’ils sont faits l’un pour l’autre.
Cette rencontre sonne même comme le conte de fées & fantasme ultime de tout cinéphile, qui plus est féru de cinéma asiatique (en l’occurrence ici une rétro de la trilogie 70’s des Satsujin Ken aka Street Fighter avec Sonny Chiba). Après ça, je peux vous assurer, que depuis l’époque où j’ai découvert le film, pas une fois ne se passe, lorsque je me rends dans une salle de ciné, sans penser à l’infime possibilité qu’une Alabama puisse y débarquer. Ce qui arrive à ce cher Clarence, c’est juste magique (encore plus magique que de vivre dans le local d’une boutique de comics), et même si on se doute bien que c’est trop beau pour être vrai, les 2 amants vont alors tout faire pour forcer le destin, afin que leur rêve idyllique puisse continuer et qu’un miracle se produise. Sur le thème de Cassenhauer de Carl Orff (en référence au film Badlands de Terrence Malick) repris ici par Hans Zimmer, voilà nos deux tourtereaux lancés dans une ballade sauvage de Detroit à Los Angeles, où ils vont rapidement se mettre à dos, tout un florilège de personnages forts peu fréquentables.
Et c’est là que j’en viens à parler du casting, qui là encore est absolument extraordinaire. Outre les deux rôles principaux attribués aux jeunes étoiles montantes de l’époque, à savoir Christian Slater et Patricia Arquette, parfaits dans leur interprétation de couple insouciant, transis d’amour, totalement dévoués l’un à l’autre, c’est véritablement toute la galerie exceptionnelle de seconds rôles qui donnera au métrage cette plus-value pop & fun totalement jubilatoire jusqu’à atteindre une aura culte. On peut par la même occasion saluer tout le savoir faire de Tony Scott, pour avoir tout au long de sa carrière, réussi à s’entourer d’impressionnants castings. Ainsi, le réalisateur décide de recruter quelques uns des acteurs les plus rebelles du Hollywood de l’époque. Si Brad Pitt se voit d’abord proposer le rôle principal, ce dernier préfère néanmoins décliner l’offre au profit d’un rôle fantaisiste plus mineur (jugeant le protagoniste trop proche de sa précédente prestation dans le film Kalifornia). Au contraire de Val Kilmer, qui lui souhaite endosser le rôle principal, mais Slater est déjà engagé. Nul Doute que l’interprétation et le physique de Val Kilmer auraient donnés une toute autre approche du personnage, assurément plus mature. Scott ayant par ailleurs déjà dirigé l’acteur dans Top Gun, lui confie cependant le rôle du mentor de Clarence, sorte d’incarnation spectrale du King, dont Kilmer s’acquittera avec grand panache. Autre acteur emblématique de l’époque, Gary Oldman embarque également à bord du tournage. Il aurait improvisé son look totalement déjanté en s’inspirant d’un preneur du son du film Romeo is Bleeding, métrage dont Oldman acheva le tournage la veille de celui-ci. Enfin, que serait True Romance sans cette scène hallucinante du face à face entre Dennis Hopper et Christopher Walken, qui demeure à ce jour un pur moment d’anthologie de l’histoire du cinéma. Un face à face légendaire à ranger juste à côté de celui de Robert de Niro & Al Pacino dans Heat. D’autres mines patibulaires, telles que Chris Penn ou Tom Sizemore viennent compléter le casting. Sans oublier les apparitions de grands acteurs en devenir comme James Gandolfini et Samuel L. Jackson.
Forcément vous me direz, avec tout cet étalage de talent, le film a dû cartonner à sa sortie en 93…eh bien, non… (naturellement) comme tout bon film culte qui se respecte, le métrage sera un échec au Box-Off…et n’acquerra son statut d’œuvre culte qu’avec les années…
Pourtant il n’y a pas tromperie sur la marchandise, le film est bel et bien un pur chef d’œuvre à tous les niveaux… Les acteurs sont au top, la BO est géniale, les dialogues finement écrits sont bourrés de références à la pop culture, la photographie est superbe et pour couronner le tout la réal est impeccable, dynamique et rythmée, sans oublier de se poser lors des scènes dramatiques ou intimistes. A noter que Tony Scott adaptera de manière très fidèle le scénario de Tarantino, dont il ne changera en fin de compte, qu’uniquement la fin. Une nouvelle fin que Tarantino jugera lui-même, meilleure que celle initialement prévue dans le script. (A préciser également que la bref séquence où Alabama regarde le final d’A Better Tomorrow II, fut également une idée du réalisateur, qui souhaitait rendre hommage à toute la maestria de mise en scène de John Woo.)
Ainsi, Tony Scott nous aura encore une fois montré tout son talent de metteur en scène hors-pair, doublé de celui d’un directeur d’acteurs parfaitement aguerri. Ceux-ci, tout en réussissant le pari de brillamment dompter, voire même de magnifier (comme personne d’autre n’y arrivera par la suite), la verve narrative survitaminée de ce cher Tarantino.
True Romance demeure assurément à ce jour (et pour toujours), l’un des métrages les plus aboutis des 90’s, mais également un classic du cinéma tout court. Un Romantic Road Movie à la richesse démesurée qui transpire la passion du 7ème art et fit par la même occasion du tandem Alabama/Clarence, l’un des couples les plus attachants et mythiques de l’histoire du cinéma.
Merci de m’avoir lu,
En espérant vous avoir donné envie de découvrir ou redécouvrir, cette True pelloche de romantisme pop.
Sayonara, Bye bye !!